En Afghanistan, l'érosion drastique des droits des femmes impacte leur situation sanitaire
28 millions de femmes voient continuellement leurs droits reculer depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021. Un rapport de l’ONG Human Rights Watch publié en mars 2024 souligne notamment l’impact disproportionné de la crise du système de santé afghan sur cette population.
Depuis leur prise de pouvoir en août 2021 en Afghanistan, les autorités de facto ont introduit plus de 50 décrets qui restreignent directement les droits et la dignité des femmes. L'éducation est ainsi interdite aux filles de plus de douze ans. Les étudiantes ont été chassées des universités, la majorité des femmes n'a plus droit de travailler, plongeant d'innombrables familles dans la pauvreté. Les femmes sont exclues des compétitions sportives, n'ont plus la liberté d'aller et venir sans un « mahram », un tuteur. Les salons de beauté, dernier lieu où elles pouvaient se rassembler pour se soutenir, ont tous été fermés.
L'application de la loi par la police a augmenté le harcèlement dans les espaces publics et a encore limité la capacité des femmes à quitter leur domicile, selon les témoignages de 745 femmes afghanes ayant participé à la dernière enquête d'ONU Femmes, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA). Les femmes craignent d'être arrêtées, harcelées et punies à chaque fois qu'un nouveau décret taliban est annoncé.
Selon des experts de l'ONU, de nombreuses femmes et filles en Afghanistan ont été arbitrairement détenues et soumises à des mauvais traitements depuis début janvier 2024 pour avoir prétendument violé le code vestimentaire des talibans. De plus, la MANUA rapporte le 6 mars 2024, que les médias locaux ont l’interdiction d’être en contact avec les Afghanes dans la province de Khost et cela depuis février 2024.
Depuis 2021 et la prise de pouvoir par les talibans, la réduction du soutien financier et technique international, le manque de services de santé suffisants et l'effondrement de l'économie, ont porté atteinte au droit à la santé du peuple afghan. Les réductions de l’aide humanitaire internationale en 2023 et le départ de nombreux professionnels de santé ont exacerbé la crise. La grande majorité de la population afghane vit désormais sous le seuil de pauvreté universel et se trouve en situation d’insécurité alimentaire.
Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par la crise du système de santé, comme l’indique un rapport de l’ONG Human rights watch du 12 février 2024.
La restriction de mouvement et de travailler des femmes entrave l'accès de celles-ci aux services de santé. Les interdictions d'éducation pour les femmes et les filles ont bloqué presque toutes les formations des futures professionnelles de la santé dans le pays, entraînant ainsi une pénurie de professionnelles de santé féminines dans un avenir prévisible. D’autant que les talibans ont aussi imposés que seules les femmes peuvent interroger les femmes à leur domicile sur leurs besoins et ceux de leurs enfants. Les ONG manquant de femmes pour ces taches-là, cela entrave l’organisation humanitaire.
Les interdictions imposées par les talibans sur de nombreuses formes d'emploi des femmes (y compris dans les ONG) ont donc aggravé la crise en privant des familles de revenus nécessaires. En outre, parmi les personnes les plus touchées par la crise économique afghane figurent les personnes handicapées. En raison de décennies de conflit et d’une mauvaise santé maternelle, l’Afghanistan compte l’une des plus grandes populations de personnes handicapées au monde.
En 2023, l’Afghanistan demeure, pour la sixième année consécutive, le premier pays de provenance des demandeurs d’asile enregistrés en France. En 2022, la part des femmes afghanes dans cette demande d’asile était de 22,7 %.