Intégration : une évaluation du dispositif Accelair confirme la pertinence de ce type de programme
Forum réfugiés-Cosi a mené en 2019 une étude visant à évaluer la réussite et la durabilité du processus d’intégration des bénéficiaires d’une protection internationale accompagnés au sein du programme Accelair, sortis du dispositif entre 2013 et 2017. Elle révèle des résultats globalement positifs en matière d’accès au logement comme du point de vue de l’insertion socio-professionnelle.
Le programme d’intégration Accelair a été créé en 2002 par Forum réfugiés-Cosi pour les bénéficiaires d’une protection internationale (BPI) résidant dans le département du Rhône. Il propose un accompagnement global, individuel, spécialisé et personnalisé pouvant aller jusqu’à 24 mois, sur les volets emploi / formation, et logement. Il permet d’assurer simultanément la cohérence du projet professionnel et du parcours résidentiel, tout en garantissant l’accès aux droits. En 2019, 1 602 ménages ont été accompagnés dans le cadre de ce programme.
Forum réfugiés-Cosi a mené en 2019 une évaluation post-accompagnement auprès de BPI sortis en 2013, 2015 et 2017 du programme Accelair afin d’évaluer la réussite et la durabilité du processus d’intégration des personnes accompagnés.
En effet, lorsque le bénéficiaire quitte le programme, il dispose généralement d’un emploi ou d’une formation et d’un logement pérenne, mais l’association n’a aucune visibilité sur la suite du parcours des personnes accompagnées. L’évaluation a donc permis de répondre aux questions suivantes : Qu’en est-il deux, cinq ou sept ans après ? L’accompagnement prévu par le programme a-t-il fourni tous les outils, mis en place tout l’accompagnement nécessaire pour permettre à la personne bénéficiaire d’acquérir une autonomie suffisante et d’évoluer normalement parmi les services de droit commun ? Autrement dit, peut-on parler d’intégration durable ?
24 entretiens qualitatifs et individuels ont été réalisés et 175 BPI ont répondu à un questionnaire quantitatif. Les entretiens et le questionnaire ont permis de couvrir les volets centraux du programme : l’insertion professionnelle, l’apprentissage de la langue, l’accès et le maintien dans le logement. D’autres dimensions de l’intégration ont également été investiguées afin d’aborder plus largement la question de la citoyenneté.
L’étude a été réalisée sur un large échantillon, respectant la parité hommes/femmes, de réfugiés issus de 36 nationalités, âgés entre 26 et 55 ans (tranche d’âge représentative du public global accompagné par le programme), et de configurations familiales variées (isolés, couples avec enfants et sans enfants, familles monoparentales).
84% des répondants s’estiment satisfaits de l’accompagnement fourni par le programme Accelair dans le Rhône. L’accompagnement réalisé tant sur le champ du logement que sur celui de l’emploi/formation a procuré le même niveau de satisfaction globale, attestant de l’équilibre instauré entre les deux piliers de l’accompagnement, gage d’un parcours d’intégration optimal.
Concernant le logement, seuls 11% des répondants sollicitent souvent les assistants sociaux de secteur, signe d’une autonomie acquise pendant l’accompagnement.
L’étude révèle par ailleurs que l’insertion socio-professionnelle des BPI répondants est également réussie. Près de la moitié des personnes qui déclarent avoir un emploi sont en contrat à durée indéterminée (CDI). Si des périodes de chômage sont vécues par 67% des personnes interrogées après la fin de leur accompagnement, seules 30% ont connu une période de chômage supérieure à 2 mois consécutifs. Cela témoigne d’un travail d’accompagnement adapté, visant à l’autonomisation des personnes dans leurs démarches d’insertion professionnelle.
Le niveau de langue reste un enjeu majeur dans le parcours d’insertion professionnelle. Néanmoins, l’évaluation montre que les formations linguistiques proposées par Accelair en complément du Contrat d’intégration républicaine (CIR) permettent d’améliorer le niveau l’linguistique. A la sortie du programme, 80% des répondant.es déclarent maîtriser le français contre 30% à l’entrée dans le programme.
Enfin, l’étude révèle une volonté manifeste d’intégration citoyenne illustrée par quelques indicateurs : 90% des répondants souhaitent obtenir la nationalité française, 84% déclarent ressentir un sentiment d’appartenance à la France, 60% participent aux évènements de leur quartier.