Le parcours des bénéficiaires d’une protection internationale (BPI) peut parfois être extrêmement traumatique et, malgré une meilleure compréhension de la langue française grâce aux formations linguistiques reçues, il arrive que certains n’osent toujours pas s’exprimer. Ceci les empêche d’accéder pleinement au marché du travail. Un des freins identifié est le manque d’estime et de confiance en soi.

Pour aider les BPI à prendre confiance en eux et ainsi renforcer leurs chances de s’intégrer et d’obtenir un emploi, Accelair Rhône a mis en place une série d’ateliers en partenariat avec des structures culturelles lyonnaises.

 

Danser le FLE

La danse est connue pour aider à se Resized 20191122 172837reconnecter avec soi-même, avec les émotions que l'on réprime, comme l'énervement et la colère, ou l'anxiété et l'angoisse. Des émotions qu’on apprend à canaliser sainement en dansant, ce qui aide au contrôle émotionnel quotidien.

Le projet « Danser le FLE » est né de cette analyse et a été monté pour répondre à des objectifs déclinés sur plusieurs axes : linguistique, habiletés sociales et développement du lien entre les réfugiés et la société française, à travers la découverte et l’utilisation de lieux socio-culturels.

Le projet construit en partenariat avec la Préfecture du Rhône et l’Opéra a démarré le 30 septembre pour s’achever le 22 novembre lors d’une représentation dans la verrière de l’Opéra devant 60 personnes.

Cette représentation emprunte d’une très grande émotion a permis tant à ces réfugiés qu’aux personnes présentes, de constater les avancées réalisées.

Les participants nous ont confié que cela avait été « une parenthèse magnifique » qui leur a permis, pendant un temps, d’oublier l’étendue de leurs soucis et de montrer tout ce qu’ils avaient à nous apporter et à nous donner…

 

Le FLE sur les planches

IMG 3301Un parcours de formation alternant cours de FLE et théâtre, orchestré par un binôme enseignant-artiste, a été proposé du 03 septembre au 22 novembre afin de progresser en français (parler, comprendre des consignes, transposer à l’écrit des informations que la personne peut transmettre oralement, trouver des informations pertinentes dans un document écrit) et acquérir des habilités sociales (permettre à la personne de prendre confiance en elle, améliorer l’estime d’elle-même, lui permettre de mieux s’intégrer à un collectif de travail, d’améliorer sa communication verbale et non verbale et la gestion de ses émotions).

Il s’agissait pour cela de s’appuyer sur un projet culturel dirigé par un artiste, Mathieu Lebot Morin. Par le biais de petits jeux et techniques de théâtre basés sur le corps (apprendre ou réapprendre à bouger, jouer, travailler en équipe et se faire plaisir), l’artiste a fait travailler progressivement l’imaginaire des douze participants en faisant appel à l’improvisation (pour travailler les mots, l’élocution, l’intonation).

Le medium « théâtre » est un levier puissant, car ici, l’erreur est autorisée, dédramatisée, afin d’encourager les stagiaires à une prise de risque artistique. Par ailleurs, les allers-retours permanents entre l’enseignant de FLE et l’artiste associé ont permis d’accélérer les processus d’apprentissage.

Certains référents emploi confiaient n'avoir quasiment jamais entendu la voix des personnes qu’ils accompagnaient (ces dernières préféraient se cacher derrière « Google traduction »). Et là, sur scène, au moment de la restitution le 20 novembre à la Villa Gillet, ces réfugiés ont su s’exprimer, chanter, bouger, être regardés, … Le tout dans une bienveillance, très belle, malgré la diversité de leurs origines et de leurs anciens « statuts ».

A l’issue de la restitution, la fille d’un participant nous a confié avoir été très émue de voir son père ainsi, car même dans sa langue maternelle, il ne s’était jamais autant exprimé !

L’enjeu à présent, pour ces personnes qui ont participé aux ateliers, sera de continuer à progresser dans cette dynamique !