La réinstallation consiste à transférer des réfugiés d’un premier pays d’asile vers un pays tiers qui accepte de les admettre en tant que réfugié et de leur accorder un séjour permanent. Ce programme encadré par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) permet d’apporter une protection et une solution durable aux réfugiés dont la vulnérabilité et les besoins spécifiques ne peuvent être pris en charge dans les pays où ils bénéficient d’une protection. En 2020, 1 210 réfugiés ont été réinstallés en France au titre d’engagements européens et sur la base d’un accord-cadre conclu avec le HCR, et un objectif de 3 800 réinstallations a été fixé pour 2021. En 2022, le HCR estime que 1,47 million de réfugiés auront besoin d’être réinstallés.

Dans le pays d’asile, où sont accueillis les réfugiés en besoin de réinstallation, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) est missionnée pour mettre en œuvre les démarches en amont du départ et la logistique du transfert. Elle assure le soutien logistique à l’organisation des missions de protection menées par l’OFPRA. Sur le plan de la santé, l’OIM réalise des évaluations médicales, la prise en charge sanitaire des réfugiés en amont du voyage, la mise à disposition d’une assistance médicale durant le voyage si nécessaire. Elle assure enfin l’organisation de sessions d’information, le suivi individualisé pour la constitution des dossiers de demande de visa ou encore la prise en charge et l’organisation du voyage vers le pays de réinstallation. 

Depuis 2016, l’OIM organise des sessions collectives d’information au départ. Elles sont proposées aux réfugiés une fois que la date de leur vol est fixée et portent sur le cadre géographique, culturel et administratif. Les sessions ont lieu dans la ville de départ, les jours qui précèdent l’embarquement. Elles n’incluent pas de cours de français, un apprentissage qui en étant anticipé, faciliterait les premières démarches en France. Seule exception au Liban, où des cours sont dispensés par l’Institut français. La procédure de réunification familiale, préoccupation récurrente, est présentée lors de ces sessions. Les sessions permettent également de préparer mentalement au changement radical que constitue la réinstallation. Depuis 2017, l’OIM propose par ailleurs une vidéo d’une trentaine de minutes diffusée lors des informations pré-départ. Elle présente les caractéristiques générales de la France. Elle illustre l’arrivée à l’aéroport, le quotidien, le logement - souvent en milieu rural -, son équipement, les missions des travailleurs sociaux, l’ouverture des droits, la régularisation du séjour, la scolarisation des enfants et les activités extra-scolaires, l’accès aux soins, l’insertion professionnelle, l’accès aux cours de français. En complément de la vidéo, l’OIM distribue aux réfugiés un livret d’information traduit dans les langues correspondantes.

En amont du départ, la communauté est très influente et favorise le partage d’avis, renseignements, retours d’expérience qui contribuent à se forger une opinion, marquée par une part de désinformation. Ces échanges passent par le cercle privé et les réseaux sociaux. Certaines idées fausses amènent des réfugiés à refuser de venir en France, par exemple par crainte que le port du hijab soit interdit. Pour ceux qui décident de venir, elles peuvent entraîner une déception dès l’arrivée qui fragilise l’état psychologique des personnes concernées et complexifie l’accompagnement par les travailleurs sociaux.

Dans ce contexte, les sessions pré départ permettent de dispenser une connaissance objective du contexte d’accueil. Les réfugiés témoignent en retenir les grands principes tels que la laïcité, l’école obligatoire, la santé pour tous et gratuite ou encore les allocations pour pouvoir vivre en attendant un emploi. La préparation au départ est nécessaire pour limiter certaines projections biaisées concernant les codes sociaux, les démarches ou la commune d’accueil. Les outils proposés apportent un premier éclairage sur le pays de destination, et contribuent à modifier les projections élaborées par les réfugiés.

Progressivement, la France perçoit l’intérêt de cette information pré départ, et accepte d’en financer sa mise en œuvre. Ainsi, alors que les réfugiés syriens en Jordanie, en Turquie, et au Liban ne bénéficient que d’une session d’une journée, elles sont dorénavant dispensées sur trois jours au Tchad (mai 2019) et en Égypte (octobre 2019), au Niger, au Rwanda (depuis 2020 pour ces deux pays) au Cameroun, et en Éthiopie (à partir de 2021 pour ces deux pays). À cette avancée, s’ajoute la transmission généralisée du dossier médical par l’OIM en amont de l’arrivée, qui permet de préparer la prise en charge sanitaire en France.

Toutefois plusieurs points peuvent cependant être améliorés en matière de préparation au départ. Les avancées évoquées devraient être étendues à l’ensemble des réfugiés réinstallés y compris ceux accueillis au titre de l’accord cadre HCR. Un premier apprentissage du français, essentiel pour initier les démarches administratives, pourrait être dispensé dans l’attente du départ effectif pour les personnes sélectionnées. Il serait également pertinent de communiquer de façon individualisée aux réfugiés, avant le départ, leurs conditions d’hébergement, la localisation de leur logement, les possibilités de reprise d’études, etc. Un espace d’échange d’information entre les réfugiés sélectionnés, les opérateurs dans le pays de premier asile et les opérateurs en France pourrait être créé. Cela contribuerait à éviter les déceptions parfois constatées, et favoriserait une dynamique d’intégration dès l’arrivée sur le territoire.

 

Photo d'illustration : © IOM - UN Migration