Au Burkina Faso, le terrorisme gagne du terrain dans tout le pays et provoque des déplacements de populations.
Depuis 2015, le Burkina Faso subit des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes, qui ont fait des milliers de morts et ont contraint presque deux millions de personnes à fuir leurs foyers.
Des groupes armés islamistes alliés à Al-Qaïda et à l’État islamique au Grand Sahara sont de plus en plus présents au Burkina Faso. Jusqu’alors plutôt limitée au nord du pays, dans la région du Sahel, la menace djihadiste s’est progressivement étendue ces deux dernières années vers l’est puis le sud-ouest. Avec deux coups d’Etat militaires qui se sont succédés en 2022 (dont le dernier date de septembre), le pays peine à trouver une stabilité politique et à mener une lutte efficace contre le djihadisme, le banditisme et la prolifération des groupes armés. L’insécurité s’étend désormais sur tout le territoire.
Les groupes djihadistes visent principalement des membres des services de sécurité mais les civils sont également victimes d’attaques meurtrières.
Comme on peut le lire dans le rapport de situation réalisé en octobre 2022 par le Commissariat belge aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), les djihadistes perturbent fortement la vie quotidienne des civils : ils incendient des villages, des marchés et des commerces, posent des mines sur des routes, commettent des enlèvements, pillent, détruisent des écoles, des installations d’eau ou de communication, empêchent des agriculteurs d’accéder à leur champs.
L'insécurité croissante et des situations de blocus générées par les djihadistes dans de nombreuses régions laissent des communautés entières coupées du reste du pays et confrontées à de graves problématiques humanitaires.
Les violences sexuelles envers les femmes se multiplient depuis 2021. Les enfants sont privés d’éducation et sont également de plus en plus recrutés par les groupes terroristes.
D’autres groupes armés sont responsables d’exactions contre des civils : les forces de sécurité du pays utilisent de manière disproportionnée la violence, sont responsables d’exécutions extrajudiciaires ou de violations de droits, également sur des civils. Des groupes d’auto-défense peuvent également être responsables de graves violences. Par exemple, le groupe des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), créés en 2020, est impliqué dans de nombreux crimes graves, d’après les informations d’Human Rights Watch, dont des détentions arbitraires, des actes de torture et des meurtres extrajudiciaires ciblant des personnes soupçonnées d’être des islamistes armés.
Le rapport du CGRA ajoute que les divisions ethniques se sont exacerbées dans ce contexte de terrorisme et plus précisément que les Peuls font l’objet d’amalgames qui les associent aux djihadistes.
Selon le bulletin de situation du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) daté du 15 décembre 2022, 1 810 105 personnes sont déplacées à cause des violences terroristes au Burkina Faso au 30 novembre 2022. 60,37% de ces personnes déplacées sont des enfants. 977 187 élèves sont affectés par la fermeture de 5 574 écoles en novembre 2022. De plus en plus de personnes d’abord déplacées à l’intérieur du pays choisissent par ailleurs de franchir la frontière.