À l’Est de la Libye, les populations victimes des brutalités d’un groupe armé.
Le chaos libyen permet la prolifération de groupes armés, qui se disputent le contrôle de territoires. L’un d’entre eux très puissant dans l’Est, le groupe Tariq Ben Zeyad (TBZ), se livre à de graves violations des droits humains en toute impunité.
Depuis la chute de Khadafi en 2011, la Libye n’a plus de gouvernement unique. A ce jour, deux gouvernements se disputent le contrôle du pays. D’un côté, le Gouvernement d’Union Nationale (GUN), reconnu par la communauté internationale, est installé dans la région de Tripoli, avec comme dirigeant Abdelhamid Dbeiba. D’un autre côté, le gouvernement de stabilité nationale (GNS), dirigé par Fathi Bashagha, exerce son pouvoir sur l’Est du pays, dont Benghazi, la deuxième plus grande ville du pays. Le GNS est soutenu par les Forces armées arabes libyennes (FAAL, autrefois appelé « armée nationale libyenne »).
Le plus puissant groupe armé agissant pour les FAAL est le groupe Tariq Ben Zeyad (TBZ). Il a été créé en 2016, et est dirigé par Saddam Haftar, fils du commandant général des FAAL, Khalifa Haftar. Il est composé de soldats de carrière ayant combattu aux côtés de Mouammar Kadhafi en 2011 et de combattants issus de tribus alliées aux FAAL.
Amnesty international expose dans un rapport paru le 19 décembre 2022 les violations des droits humains auxquels se sont livrées les combattants du TBZ et visant les populations dans les zones sous contrôle des FAAL, en toute impunité : meurtres de civils, actes de torture, mauvais traitements, disparitions forcées, viols, pillages et déplacements forcés de populations.
Amnesty International a ainsi documenté la détention arbitraire de personnes ciblées sur la base de leur opposition réelle ou supposée à l'égard des FAAL, de leur appartenance tribale, de leur activisme politique, de leur participation à des manifestations, d’un refus de coopérer avec les FAAL, ou encore sur la base de leur richesse perçue, afin de les détenir en otage et exiger une rançon. Des combattants de la TBZ ont également enlevé un homme à Benghazi en mars 2022, après qu’il ait publié sur son compte de réseau social des contenus critiquant Khalifa Haftar.
Les combattants de la TBZ se sont engagés dans une campagne d'arrestations de manifestants et de journalistes dans le cadre de la répression systématique des manifestations pacifiques qui ont eu lieu entre 2020 et 2022 et qui dénonçaient la politique du GNS. Les anciens détenus témoignent d’actes de torture durant leur détention, par les membres de TBZ.
Amnesty International a recueilli également des informations sur l’implication du groupe TBZ dans les expulsions massives forcées de réfugiés, de demandeurs d'asile et de migrants sans procédure régulière et sans leur donner la possibilité de demander l'asile, près de la frontière avec le Niger.
Enfin, d’après les analyses d’Amnesty international, le TBZ est impliqué dans le déplacement forcé de milliers de familles libyennes lors des campagnes militaires menées par les FAAL pour prendre le contrôle des villes de Benghazi et Darnah, dans l'est de la Libye, entre 2014 et 2019.
En 2021, 258 ressortissants libyens ont vu leur demande d’asile enregistrée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), et 253 Libyens ont obtenu une protection au titre de l’asile cette année là par décision de l’OFPRA ou de la Cour nationale du droit d’asile. La criminalité en lien avec le contrôle des territoires par des milices armées et l’impunité dont jouissent ces acteurs sont largement invoquées par de nombreux ressortissants libyens comme vecteurs d’insécurité.