En Afrique du Nord et au Moyen orient, des personnes LGBTI+ harcelées et persécutées par les moyens numériques
Une enquête de l’organisation Human Rights Watch publiée en février 2023 montre comment les technologies numériques et les réseaux sociaux sont utilisés par les autorités de certains pays pour renforcer le contrôle et le harcèlement des personnes LGBTI+. Des policiers infiltrent par exemple des sites de rencontres pour piéger des personnes homosexuelles.
Dans un rapport paru le 21 février 2023, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a recueilli 90 témoignages de « ciblage numérique » en Égypte, Irak, Jordanie, Liban et Tunisie, entre février 2021 et janvier 2022 visant des personnes LGBTI+ (lesbiennes, gay, trans, queer, intersexuées et autres termes désignant les genres et les sexualités). HRW explique que le « ciblage numérique » fait référence aux « tactiques suivantes pour cibler, et lorsqu’ils sont pratiqués par des acteurs étatiques, pour poursuivre, les personnes LGBT : piégeage sur les médias sociaux et les applications de rencontres, extorsion en ligne, harcèlement et sortie en ligne, et recours à l’information numérique dans les poursuites. »
D’après les témoignages, les forces de police utilisent les réseaux sociaux pour tendre des pièges aux personnes homosexuelles : les policiers se créent par exemple de faux profils sur des sites de rencontre, puis arrêtent les personnes lors des rendez-vous qui se révèlent être des embuscades. Les personnes arrêtées après avoir été piégées sur des sites de rencontres pour homosexuels risquent de subir des mauvais traitements de la part des autorités ou des agressions sexuelles si elles sont envoyées en prison.
HRW révèle également que les forces de sécurité et les procureurs fouillent les téléphones en toute illégalité et exploitent des photos, des conversations sur WhatsApp et des applications de rencontres homosexuelles, telles que Grindr, pour engager des poursuites. Parfois des personnes LGBTI+ peuvent également être victimes de particuliers qui trompent des personnes sur les sites de rencontre ou des réseaux sociaux pour ensuite les menacer de révéler leur orientation sexuelle et leur extorquer de l’argent. Selon HRW, des bandes organisées en Égypte et des groupes armés en Irak figurent parmi les auteurs d’extorsion.
Le harcèlement en ligne dont sont victimes des personnes LGBTI+ et la révélation sans leur consentement de leur orientation sexuelle sur les réseaux sociaux peuvent avoir des conséquences très graves : perte d’emploi, expulsion de leur domicile, violences familiales, notamment physiques, menaces de mort et risques de subir des pratiques de conversion.
Des cas de menaces de mort en ligne contre des activistes LGBTI+ par des groupes armés ont été observés en Irak.
Les victimes de ciblage numérique par des individus ont déclaré à HRW qu’il leur est impossible de porter plainte : soit les plaintes sont rejetées, soit les personnes ont peur d’être arrêtées par la police. HRW précise que dans le panel des 90 personnes interrogées pour l’enquête « six personnes qui ont déclaré avoir été extorquées aux autorités ont fini par être arrêtées ».
Pour HRW, l’absence de justice et l’impunité dans les affaires d’extorsion des personnes LGBTI+, associées aux conséquences sur les personnes piégées par les pratiques de ciblage numérique par les autorités, ont des répercussions à long terme sur la santé mentale des victimes.