Du 13 au 15 décembre 2023, a eu lieu le Forum mondial sur les réfugiés. Cet évènement exceptionnel organisé dans le cadre de l’Organisation des Nations unies a permis l’annonce de plusieurs engagements, notamment en matière de réinstallation, de la part d’acteurs divers.

 

Mi-décembre 2023, 4 200 personnes, de 168 gouvernements, dont cinq chefs de gouvernement, et plus de 425 organisations, dont des villes, des organisations internationales, de la société civile, des organisations menées par des réfugiés, des organisations religieuses, sportives, des fondations, des cabinets d’avocats, et des entreprises, se sont réunies à Genève pour le deuxième Forum mondial sur les réfugiés. Par ailleurs, plus de 1 000 personnes suivirent l’évènement en ligne.

Organisé tous les quatre ans, le Forum mondial est le plus grand rassemblement international au monde sur les réfugiés. Il vise à soutenir la mise en œuvre des objectifs énoncés dans le Pacte mondial sur les réfugiés adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 2018 : atténuer la charge des pays d’accueil, renforcer l’autonomie des réfugiés, élargir l’accès aux solutions offertes par les pays tiers, et soutenir les retours dans les pays d’origine dans la sécurité et la dignité. Il s’agit d’établir un cadre pour un partage plus prévisible et équitable des responsabilités entre les États.

Lors de l’édition 2023, coorganisée par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), la Suisse, la Colombie, la France, le Japon, la Jordanie et l’Uganda, les participants ont partagé des bonnes pratiques et ont annoncé des engagements dans des domaines variés, tels que l’accès aux soins de santé mentale, la connectivité des réfugiés, l’inclusion des réfugiés dans les sommets sur le climat, le soutien financier aux réfugiés et aux communautés d’accueil dans les pays en crise alimentaire, l’inclusion des réfugiés dans les systèmes statistiques et les enquêtes nationales pour faciliter la planification et le soutien, la transformation des camps de réfugiés en établissements intégrés créant des opportunités économiques pour les réfugiés et leurs communautés d’accueil, l’ouverture de voies complémentaires fondées sur le travail et l’éducation, ou encore des programmes de parrainage. Un soutien a également été annoncé pour un passeport Nansen du 21e siècle, afin de garantir aux réfugiés un accès facile et rapide à des documents de voyage renouvelables.

En tout, plus de 1 600 engagements ont été pris, dans le cadre d’un ou plusieurs des 43 engagements multipartites, ce qui est plus que lors du premier Forum mondial. Les engagements financiers s’élèvent à plus de 2,2 milliards de dollars, dont 250 millions de dollars promis par le secteur privé. Cependant, ils ne couvrent pas les 400 millions dont le HCR a besoin.

Le secteur privé, en plus de son engagement financier, s’est également engagé à fournir un million d’heures de bénévolat, des emplois pour 100 000 réfugiés et plus de 400 000 possibilités de formation, ainsi qu’à consacrer plus de 180 millions de dollars en investissements dans des entreprises de soutien aux réfugiés appartenant à des réfugiés et plus de 6 000 bourses d’étude.

Un certain nombre d’États s’est engagé à réinstaller, c’est-à-dire à assurer une protection internationale et une résidence à des réfugiés vivant dans un premier pays d’asile. La réinstallation permet d’alléger la charge des premiers pays d’accueil. Au total, environ 1 million de réfugiés devrait en bénéficier d’ici 2030, alors que la population mondiale de réfugiés a doublé au cours des sept dernières années, atteignant le record de 36,4 millions de personnes à la mi-2023, et que le HCR estime à 2,4 millions les besoins de réinstallation pour 2024 uniquement.

De son côté, Ylva Johansson, Commissaire européenne aux affaires intérieures de l’Union européenne (UE), a annoncé que les États membres de l’UE s’engagent à ouvrir 61 000 places de réinstallation et d’admission humanitaire pour la période 2024-2025 (60 735 pour être exact) soit environ 30 500 arrivées légales par an. Ces engagements comprennent également l’engagement de l’UE à promouvoir davantage les voies complémentaires, dont des programmes de parrainage, ainsi que la poursuite du financement des mécanismes de transit d’urgence (la Commission a accordé 246 millions d’euros aux États membres pour les personnes admises dans le cadre de la réinstallation au cours des deux dernières années). 

Pour 2023, 17 États membres seulement avaient promis 29 157 places. Il y a donc une faible augmentation au niveau de l’UE. Pour la période 2024-2025, seuls 14 États se sont engagés, soit trois de moins que l’année antérieure. La Lituanie, Malte, la Slovaquie et la Slovénie, qui l’ont fait pour 2023, ne font pas partie de la liste actuelle. En revanche, la Croatie participe désormais à la réinstallation. Ainsi, un plus petit nombre d’États se partage la même responsabilité, voir une responsabilité plus grande (aucun pays n’ayant augmenté son engagement de façon drastique).

En outre, l’agence de l’UE pour l’asile (EUAA de son sigle anglais) continuera d’étendre le dispositif de soutien à la réinstallation (RSF de son sigle anglais) à Istanbul et de développer des structures d’appui opérationnel dans d’autres pays partenaires, tout en favorisant le partage d’informations et la diffusion des meilleures pratiques en matière de réinstallation, d’admission humanitaire et de voies complémentaires vers l’UE.

Pour sa part, la France maintient son engagement de 3 000 places par an (6 000 pour la période 2024-2025, comptés dans les engagements de l’UE). Les réinstallations devraient avoir lieu depuis le Proche et Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne, et bénéficier à des réfugiés soudanais, centre-africains, syriens et congolais. Les programmes seront adaptés à l’évolution de la situation internationale. Il a aussi été indiqué que le pays maintiendra sa mobilisation sur les couloirs humanitaires et universitaires.

Catherine Colonna, la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, a également indiqué que la France s’engage à réinstaller en France des femmes vulnérables, notamment victimes de violence ou de traite des êtres humains, par le biais du dispositif « Femmes en danger ». Il permettra, dans un premier temps, d’accueillir 300 femmes afghanes en 2024.

En outre, la France a augmenté d’un tiers sa contribution au HCR en 2023, pour la porter à 120 millions d’euros, et s’efforcera de la maintenir à ce niveau en 2024.