Soudan : après une année de guerre, les violences et la famine entraînent des déplacements de population exceptionnels
Une conférence humanitaire sur le Soudan, qui s’est tenue à Paris le 15 avril 2024, a permis de mobiliser plus de 2 milliards d’euros. Un an après le déclenchement du conflit dans ce pays, les populations doivent faire face à des violences exceptionnelles qui provoquent notamment une insécurité alimentaire aiguë.
La France, l’Allemagne, et l’Union européenne ont organisé à Paris une conférence humanitaire internationale pour le Soudan et les pays voisins le 15 avril 2024 à Paris, un an après le déclenchement d’un conflit dans ce pays. Cet évènement a notamment rassemblé les ministres et représentants de 58 pays, des bailleurs de fonds, les représentants d’organisations régionales, les dirigeants ou représentants de nombreux programmes et institutions des Nations Unies, ainsi qu’une cinquantaine d’ONG internationales et soudanaises.
En réponse à l’appel à financements lancé le 7 février 2024 par les Nations unies, les donateurs internationaux ont annoncé à cette occasion qu’ils mobiliseront plus de 2 milliards d’euros, dont près de 900 millions d’euros de l’Union européenne et de ses États membres, pour appuyer les populations civiles au Soudan et dans les pays voisins en 2024.
Les besoins sont énormes dans ce pays qui vit actuellement, « l’une des plus grandes crises humanitaires et de déplacement au monde » pour reprendre les mots du Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés Filipo Grandi lors de sa déclaration au cours de la conférence.
Le conflit armé en cours depuis un an au Soudan oppose les forces armées soudanaises (FAS) du commandant Al-Burhan aux Forces d’appui rapide (FAR, ou Forces de soutien rapide-Rapid Support Forces, RSF), une force paramilitaire dirigée par Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemeti. Ce conflit est l’aboutissement de plusieurs années de tensions entre les deux groupes.
Jusqu’au printemps 2023, les FAS collaboraient avec les FAR, combattants de la milice paramilitaire constituée en 2013 par le président Omar el-Béchir pour combattre les groupes rebelles armés au Darfour. Al Burhan les a ensuite engagés en tant que force de sécurité personnelle, jusqu’à ce que les FAR se rebellent contre lui, en avril 2023. Le conflit entre les deux groupes armés a éclaté le 15 avril 2023 à Khartoum, puis s’est rapidement propagé dans d’autres régions, notamment au Darfour, au Kordofan du nord et au Nil Bleu, où les affrontements interethniques se multiplient également en fonction des allégeances à l’un des groupes.
Aujourd’hui, les conflits meurtriers ont provoqué une famine dans le pays, plus d’un Soudanais sur deux est en insécurité alimentaire aiguë, et la liste des violences est immense.
Human Rights Watch souligne dans un communiqué du 12 avril 2024 que « les deux parties belligérantes ont commis de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire, équivalant dans certains cas à des crimes de guerre et à d'autres atrocités criminelles ». Des hôpitaux sont bombardés, l’acheminement des aides humanitaires bloqué, des denrées destinées aux populations sont volées par les groupes armés, des travailleurs humanitaires sont assassinés. Les femmes et les enfants sont victimes de violences sexuelles. Selon un bilan fourni par Amnesty International le 12 avril 2024, plus de 14 700 personnes ont été tuées, notamment lors d’attaques aveugles ou ayant délibérément ciblé des civils.
Près de 10,7 millions de personnes ont été déplacées à cause du conflit, 1,8 million ont quitté le pays pour se réfugier principalement au Soudan du sud, au Tchad, en Centrafrique, en Ouganda. L’Egypte et l’Ethiopie accueillent aussi de nombreux Soudanais. Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés indique également qu’il y a eu 6 000 arrivées en Europe, par l’Italie, en 2023, de Soudanais venant depuis la Tunisie et la Libye, soit près de six fois plus que l’année précédente.