Le trafic d’êtres humains s’est considérablement développé depuis la chute du général Khadafi. La Libye est considérée comme un État en faillite et les trafiquants et passeurs poursuivent leurs activités en toute impunité. Dans ce contexte, les gardes-côtes libyens continuent d’intercepter des personnes en mer, en les transférant vers des centres de détention où de nombreuses violations des droits de l’homme sont rapportées. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR), qui détaille la situation en chiffres dans une note du 16 août 2019, plus de 5 280 réfugiés et migrants ont été interceptés par les garde-côtes libyens en mer depuis le début de l’année dans le cadre de plus de 70 missions de sauvetage. Au mois de juillet, 856 réfugiés et migrants ont débarqué en Libye. En juin, il y a eu 1 336 personnes débarquées, et en mai 1 224 personnes.

Le HCR estime que 4 700 réfugiés et migrants sont actuellement détenus dans centres de détention en Libye, dont 3 500 relèvent de la compétence de l’organe de protection. 3 000 réfugiés et migrants restent détenus dans des centres de détention près de zones touchées par le conflit. En juillet 2019, Emmanuel Macron a invité le gouvernement libyen à mettre fin à l’enfermement systématique des populations migrantes en situation irrégulière. Le HCR a appuyé cet appel déclarant qu’ « aucune personne secourue en Méditerranée ne devrait être renvoyée en Libye. ». Le HCR insiste sur le fait que la Libye n’est pas un lieu sûr au sens du droit maritime international pour débarquer des migrants. Les survivants de naufrage ramenés à terre par les garde-côtes libyens continuent d’être placés en centres de détention, alors que les conditions de vie y sont déplorables et que des frappes aériennes à proximité des centres mettent en danger les migrants incarcérés. Le 2 août, le ministre de l’Intérieur libyen a annoncé la fermeture de trois centres de détention à Misrata, Tajoura et Khoms, sans préciser quelle sera la prise en charge des migrants qui étaient détenus faisant craindre une surpopulation des centres restants et une exposition plus grande des migrants aux réseaux de trafiquants.

En outre, les migrants en Libye sont extrêmement vulnérables. Le rapport annuel du Département d’État américain sur le trafic des personnes de juin 2019 explique que les femmes, les hommes et les enfants victimes des réseaux de traite subissent des violations graves et systématiques des droits humains par des responsables gouvernementaux et des groupes armés non étatiques. Ils sont victimes d’agressions physiques, sexuelles et verbales; d’enlèvements contre rançon; d’exécutions sommaires et de détentions arbitraires. Selon un rapport de l’ONG Women’s Refugee Commission (WRC), intitulé « More Than One Million Pains”: Sexual Violence Against Men and Boys on the Central Mediterranean Route to Italy » datant de mars 2019, les violences sexuelles contre les réfugiés et migrants de sexe féminin et masculin sont très répandues en Libye. Ces violences sont partout : dans les centres de détention officiels, les prisons clandestines, dans un contexte du travail forcé et d’esclavage, lors de points de contrôle par des groupes armés, en milieu urbain par des gangs et dans des maisons privées. Ces violences impliquent fréquemment une profonde cruauté afin de torturer psychologiquement et physiquement la victime. En général, les réfugiés et les migrants sont exposés à plusieurs cas de violences perpétrées par divers auteurs dans différentes situations. L’étude met en avant le fait que les hommes et les garçons sont tout aussi bien les victimes des violences sexuelles que les femmes. Les impacts psychosociaux et les effets quant à la santé à l’égard des hommes et des femmes à court et à long terme sont très variés. Selon l’étude, les survivants, hommes et femmes, présentent d’une manière générale, des symptômes qui indiquent un traumatisme complexe.