Syrie : 200 000 personnes déplacées suite à l’intervention turque
Depuis l’intervention turque le 9 octobre 2019 dans le nord-est de la Syrie, la situation sécuritaire a provoqué de nombreuses victimes civiles et d’importants déplacements forcés de population. Dans ce contexte, la situation des personnes déplacées et de la population civile est une préoccupation majeure.
Dans un contexte sécuritaire particulièrement préoccupant, la Turquie a lancé une offensive militaire mercredi 9 octobre 2019 contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie à la frontière turque. L’escalade des hostilités a provoqué de nombreuses victimes civiles et un déplacement massif d’au moins 200 000 personnes. Les États-Unis et la Turquie ont annoncé conjointement un cessez-le-feu de cinq jours dans cette région du 17 au 22 octobre. Le dernier jour, les autorités russes et le président turc ont annoncé un accord sur les paramètres de sécurité dans le nord-est, y compris des mesures de sécurité proposées le long de la frontière. Alors que l'accord met fin aux opérations militaires à grande échelle, des incidents sécuritaires isolés se sont poursuivis, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Selon des chiffres publiés du Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés, au 26 octobre, plus de 200 465 personnes ont été déplacées depuis le début de la crise. 70 000 déplacés seraient des enfants selon l’UNICEF. Plus de 12 014 civils syriens, la plupart des femmes et des enfants, ont fui les combats dans le nord-est de la Syrie pour se réfugier en Irak selon une note de l’Organisation internationale pour les migrations. Depuis le cessez-le-feu, 61 200 personnes sont retournées dans leur région d'origine à Al-Hasakeh (32 200) et à Ar-Raqqa (29 000).
D’après le rapport de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne des Nations Unies datant du 15 août 2019, le conflit syrien a déjà entraîné le déplacement d’environ 13 millions de civils (dont 6,7 millions de réfugiés hors du pays et 6,2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays) depuis le début de la guerre en 2011. Selon les experts onusiens, les effets néfastes liés aux déplacements sont multiples. En effet, les attaques contre les installations médicales et éducatives, ainsi que les difficultés d’accès de l’aide humanitaire et la destruction des sources d’approvisionnement en denrées alimentaires, ont aggravé encore le sort des personnes en fuite et accentué leur vulnérabilité. Dans le contexte du déplacement, la Commission a souligné que les femmes et les filles sont surexposées aux risques d’exploitation et de maltraitance. Les personnes handicapées et les personnes âgées éprouvent de grandes difficultés à obtenir la protection et l’aide une fois réinstallées dans des campements où l’accès aux services est très limité. Le déplacement amplifie les inégalités préexistantes entre hommes et femmes et exacerbe les préjudices liés au genre.