Une dépêche des Nations unies de février 2020 le rappelle : les mutilations génitales féminines (MGF) sont une pratique encore très répandue dans le monde. A ce jour, plus de 200 millions de filles et de femmes à travers le monde ont subi des mutilations sexuelles. Au cours de l’année 2020, 4 millions de filles risquent d’en être victimes et d’ici 2030, elles seront potentiellement 50 millions rien qu’en Afrique.

Selon les données 2020 de l’UNICEF, l’excision est surtout pratiquée dans les pays africains et du Moyen-Orient. Elle l’est dans une moindre mesure en Asie et dans certaines communautés d’Amérique du Sud et enfin au sein de la diaspora vivant dans des pays où l’excision n’existait pas historiquement (pays d’Europe, des Etats-Unis, au Canada et en Australie).

Bien qu’elles soient souvent mises sur le compte de croyance religieuse, les MGF n’ont aucun fondement religieux. Considérées parfois comme des rites de passage pour les filles ou comme condition avant un mariage, elles répondent à des normes culturelles et traditionnelles dans des sociétés patriarcales où les rapports entre les femmes et les hommes sont fondamentalement inégalitaires. C’est une norme sociale qui repose essentiellement sur la volonté de contrôler les corps et la sexualité des femmes.  

Elles sont extrêmement néfastes pour la santé : les fonctions naturelles sont endommagées et, outre les risques mortels de l’opération en elle-même, les victimes peuvent souffrir de nombreuses infections chroniques. Les MGF constituent de véritables atteintes aux droits fondamentaux, notamment le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des peines cruelles, inhumaines ou dégradantes.

Si l’UNICEF se félicite dans un rapport de 2020 d’une baisse du taux de jeunes filles excisées ces 30 dernières années dans certains pays comme Djibouti, l’Egypte, la Sierra Léone, l’Erythrée, le Soudan, le Burkina-Faso, dans d’autres pays, la situation n’a pas évolué et plus de 80% de jeunes filles sont mutilées sexuellement en Somalie, en Guinée, au Mali et en Gambie.

Les programmes de lutte, notamment ceux menés dans le cadre du plan mondial conjoint du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et l'UNICEF, rencontrent de nombreux écueils.

Si certains gouvernements ont mis en place des nouvelles lois criminalisant les MGF, cela a généré un nouveau phénomène : les MGF transfrontalières. Des filles sont ainsi emmenées au-delà des frontières nationales pour subir ces mutilations.  D’autre part, un autre frein à l’élimination des MGF à déplorer est la tendance croissante à la médicalisation des pratiques : dans de plus en plus de cas, ce sont des prestataires de santé qui opèrent à la place des exciseuses traditionnelles.

Enfin, étant donné que les MGF sont perçues comme un élément important de la culture ou de l’identité, il peut être difficile pour les familles de décider seules de ne pas faire exciser leurs filles. Les personnes qui s’opposent à cette pratique s’exposent au rejet de la part des membres de la communauté. Il faudrait dès lors que toute la communauté décide ensemble d’abandonner cette pratique, afin qu’aucune fille ne soit stigmatisée. Les abandons « collectifs » donnent des résultats positifs. Par exemple au Mali ou au Kurdistan, certains villages se sont engagés dans un processus afin de devenir des villages « FGM free ».

Les MGF sont fortement ancrées dans les traditions culturelles, mais les jeunes filles sont de plus en plus informées et en capacité d’exercer leurs droits. Les statistiques montrent que les jeunes filles expriment de plus en plus leurs refus. En renforçant le statut social des femmes et en transformant les relations de pouvoir entre les femmes et les hommes, les normes sociales peuvent évoluer pour éliminer les MGF.

Le collectif « Excisions, parlons-en » met en ligne régulièrement données chiffrées, rapports, conférences et informations notamment sur les avancées positives des campagnes de lutte contre les excisions.