Le 9 août 2020, le président biélorusse Loukachenko, en place depuis 26 ans, annonçait sa victoire aux élections présidentielles pour un sixième mandat consécutif. Une très forte colère populaire s’est alors exprimée dans des manifestations, qui durent malgré la réaction violente des autorités. 

 

Depuis août 2020, d’après les Nations unies, plus de 27.000 personnes ont été arrêtées lors de manifestations dénonçant le régime abusif de Loukachenko et sa victoire aux élections présidentielles que la plupart des observateurs estiment truquées. La répression et les exils forcés d’opposants n’entament pas la détermination de la population qui réclame la tenue d’élections libres et le départ de celui qui est considéré comme le dernier dictateur d’Europe.

Dès les premières manifestations en août, Amnesty International rapporte des témoignages d’actes de torture et de mauvais traitements infligés par les services gouvernementaux à des manifestants arrêtés. Selon le communiqué du 4 décembre 2020 de la cheffe des droits de l’homme de l'ONU, de nombreuses personnes ont par ailleurs déclaré avoir été détenues dans des cellules surpeuplées, sans ventilation adéquate, malgré les risques liés à la pandémie de Covid-19. Elles ont également fait état « de passages à tabac violents et aléatoires, ainsi que d’actes d’humiliation, d’insultes et de menaces ». Human Rights Watch rapporte le 15 septembre 2020 des témoignages de mauvais traitements : « Des victimes ont décrit des passages à tabac, des mises dans des positions stressantes pendant de longues périodes, des électrochocs et, dans au moins un cas, un viol, et ont affirmé avoir vu d’autres détenus souffrir d’abus similaires, voire pires. Elles ont présenté les traces de graves blessures, notamment des fractures, des dents cassées, des blessures cutanées, des brûlures à l’électricité et de légères commotions cérébrales. Certaines avaient les reins endommagés. ».

A l’automne, la contestation populaire continue, et les violations des droits humains par les autorités aussi. Des dizaines de milliers de manifestants pacifiques continuent inlassablement et malgré la peur de descendre dans les rues tous les dimanches afin d’exiger des élections équitables et de la justice pour les abus commis. Lors des deux jours seulement de manifestations les 8 et 15 novembre dernier, 1 700 personnes ont été arrêtées.

Les manifestations rassemblent tous les profils de la population : artistes, ouvriers, employés, étudiants, agriculteurs, fonctionnaires. Répressions violentes des manifestations, arrestations brutales, torture, poursuites judiciaires, expulsions d’étudiants et de professeurs de leurs université, fermeture de commerces, licenciement d’ouvriers ayant pris part à la contestation, autant de mesures de représailles avec pour objectif de faire taire la dissidence. La répression est aveugle mais les activistes et journalistes sont particulièrement visés par le régime présidentiel depuis bien avant ces derniers événements. Avant même la tenue du scrutin du 9 août, Human Rights Watch expliquait que les activistes de la société civile, les avocats, les organisations de défense des droits humains et les médias indépendants faisaient déjà face au harcèlement et aux pressions du gouvernement. A ce jour, et depuis les élections et le déclenchement des manifestations populaires, 373 journalistes ont été arrêtés, d’après les données du Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies.

Les manifestations et la répression qui les accompagnent ne montrant aucun signe d'apaisement, certains décident de quitter la Biélorussie. Selon les dernières données disponibles EASO, de janvier à septembre 2020, 186 demandes ont été enregistrées dans l’UE de la part de Biélorusses. Ces chiffres sont faibles pour plusieurs raisons. D’une part, les données d’EASO ne concernent que les demandes survenues avant et juste un mois après le début des événements. D’autre part, la Biélorussie a décidé de fermer ses frontières avec la Pologne et la Lituanie en septembre puis toutes ses frontières en décembre 2020, en invoquant la lutte contre la propagation du coronavirus.

Le Prix Sakharov 2020 pour la liberté de l’esprit a été décerné à l’opposition démocratique biélorusse. "Nous sommes destinés à gagner et nous allons gagner", a déclaré mercredi 16 décembre Svetlana Tikhanovskaïa en recevant le prix.