L’Organisation mondiale de la santé souligne les risques sanitaires accrus pour les réfugiés
Selon un rapport de l’OMS, être réfugié c’est être exposé à des risques sanitaires spécifiques liés au parcours migratoire. C’est également risquer de ne pas être bien soigné dans le pays d’accueil en raison d’une mauvaise adaptation des dispositifs sanitaires pour ce public particulièrement vulnérable.
Le bureau régional de l’organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Europe a publié le 20 janvier 2019 un rapport sur la santé des réfugié et migrants dans la région européenne. Celui-ci fait un état des lieux des systèmes sanitaires et de leur adaptation à ce public, à partir d’une analyse méticuleuse de l’état de santé des personnes réfugiées et migrantes - installées ou de passage en Europe.
La population des 53 pays qui font partie de la région européenne de l’OMS s’élève à 920 millions d’individus (représentant 1/7ème de la population mondiale). Au sein de cette population, la population migrante s’élève à 90,7 millions de personnes.
L’OMS souligne dans ce rapport que 50 000 migrants ont perdu leur vie depuis le début du millénaire en mer. Femmes, jeunes hommes, adolescents et mineurs non accompagnés, sont par ailleurs exposés à des risques de recrutement au sein de réseaux de traite, entraînant de graves conséquences physiques et psychiques. Plus généralement, les éléments spécifiques des parcours migratoires ont poussé l’organisation à considérer le processus de migration comme un déterminant social de l’état de santé.
L’OMS souhaite une accélération de la mise en œuvre de systèmes sanitaires sensibles aux réalités et difficultés des personnes migrantes ou réfugiés pour atteindre les objectifs de développement durableadoptés en 2015 par les Nations unies dans le cadre du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». Les 53 Etats de la région européenne se sont par ailleurs mis d’accord sur le programme Health 2020 qui définit un cadre politique pour soutenir mais aussi améliorer la santé et le bien-être de la population, réduire les inégalités dans la distribution des services de santé et dans les traitements, et renforcer la santé publique.
En s’appuyant sur ces nouvelles priorités et objectifs, l’OMS souhaite standardiser la récolte de données. Il souligne en effet le manque d’outils standardisé pour évaluer et comparer, à grande échelle, la santé des personnes réfugiés ou migrantes en fonction des régions. Le recueil de données permettrait une meilleure compréhension de l’état de santé, et donc une meilleure approche dans la mise en œuvre d’une politique publique notamment pour la santé mentale, qui selon le rapport, est grandement sous-évaluée.
La prévalence des troubles mentaux chez les réfugiés est soulignée par le rapport. Le stress post traumatique est plus élevé chez les migrants et réfugiés qu’au sein de la population d’accueil. Dépression et anxiété sont aussi plus communes pour ce public. La difficulté des parcours de demande d’asile et les conditions socio-économiques dans lesquelles sont accueillies ces personnes favorisent les troubles de la santé mentale. Pour l'OMS, il est temps de se préoccuper de ces enjeux psychiques, en améliorant les conditions d’accueil qui peuvent accélérer le développement de dépressions ou d’autres types de maladies mentales.
L’OMS souligne que l’accès aux services de santé varie énormément au sein des États membres. Or, ne pas prendre en compte l’état de santé des réfugiés et migrants peut avoir de lourdes conséquences sur le long terme. Le rapport aborde par exemple la question de la santé maternelle. Les données indiquent que les femmes réfugiées ont un taux de mortalité des nouveau-nés plus élevé que pour la population nationale. Il y a aussi une part de plus en plus importante des nouveaux nés issus de parents réfugiés ou migrants, qui ont un poids trop faible à la naissance. Les auteurs ont découvert aussi à travers cette enquête, qu’un réfugié a plus de chance de se faire diagnostiquer son cancer à un stade avancé, ce qui réduit ses chances de guérison.
Soutien social, formation de soigneurs, sensibilisation de groupes en situation de minorité, promotion de la santé, sont important car, aujourd’hui, les migrants et réfugiés n’ont pas forcément accès aux informations sur le fonctionnement des systèmes de soins en Europe. Le rapport préconise un système de dépistage et de vaccins à mettre en place afin de créer un système d’immunisation du public migrant.
Sur tous ces aspects, l’OMS formule des propositions concrètes et propose de nombreux outils pour améliorer la situation. Aux Etats de s’en saisir désormais pour mettre en place des réponses adaptées.