L’objectif de la réunion du Conseil de l’UE le 7 et 8 octobre était d’obtenir le soutien d’une douzaine d’États membres de l’UE sur ce pré-accord de répartition. Cependant, seuls l’Irlande, le Luxembourg et le Portugal ont formellement soutenu l’initiative et se disent prêt à accueillir les migrants secourus et débarqués en UE. Les négociations devront se poursuivre sous la coordination de la présidence finlandaise de l’UE et de la Commission européenne.

Cependant, le faible nombre d’arrivées et de demandes d’asile enregistrés ces derniers mois en Italie face à la hausse des arrivées en Grèce joue contre le pré-accord de répartition. Si les États du groupe Visegrad refusent de soutenir le projet de répartition, d’autres États proposent une autre forme de solidarité qui peut être financière ou technique. Mais un accord de répartition ne se justifierait pas face à la baisse de la pression migratoire en Italie. En outre, sur la route de la Méditerranée orientale, la Grèce a annoncé qu’une initiative est en préparation avec la Bulgarie et Chypre et sera présentée prochainement à l’UE. Ces trois États appellent à une meilleure attention de la part de l’UE sur la situation en Méditerranée orientale, alors que les regards se focalisent sur la Méditerranée centrale. La situation en Turquie semble également défavoriser un soutien au pré-accord. Le lancement d’une offensive dans le nord de la Syrie par la Turquie pour sécuriser une zone tampon fait craindre une nouvelle crise humanitaire à l’est de l’UE et de nouvelles arrivées vers les îles grecques.

Le pré-accord du 23 septembre prévoit un débarquement des migrants secourus en Italie et à Malte, voire en France s’il inclut une rotation des ports de débarquement, et un transfert dans les quatre semaines vers un nouveau pays d’accueil, en l’occurrence la France et l’Allemagne et d’autres États membres volontaires si ces derniers soutiennent l’accord. Ce mécanisme serait temporaire dans l’attente d’une réforme du règlement Dublin, afin que d’autres pays exposés aux arrivées tels que la Grèce, l’Espagne, et Chypre ne se jugent pas lésés par un accord qui porte sur une zone réduite de la  Méditerranée. Le pré-accord prévoit également des règles pour les navires engagés dans les opérations de secours notamment le respect des instructions des centres de coordination de sauvetage et la non-obstruction des opérations des navires de garde-côtes y compris libyens. L’accord prévoit aussi de renforcer les capacités des garde-côtes des pays du sud de la Méditerranée et encourage le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et l’Organisation international des migrations (OIM) à soutenir des modalités de débarquement dans le plein respect des droits humains dans ces pays tiers.