Selon les données de l’Agence européenne des statistiques, le nombre de demandeurs d’asile considérés mineurs non accompagnés a diminué de 13,7 % par rapport à 2018. Le Royaume-Uni a enregistré le plus grand nombre de demandes en 2019 avec 3 650, un chiffre en légère hausse par rapport à 2018 (3 060). La Grèce a enregistré 3 330 demandes d’asile de mineurs non accompagnés soit une hausse de 26% par rapport à 2018. L’Allemagne se situe en troisième position avec 2 690 demandes, en baisse de 34%. Ces trois premiers pays sont suivis de la Belgique (1 220, en hausse de 62%), les Pays-Bas (1 045), la Suède (890), l’Autriche (860), la Slovénie (670), l’Italie (660). Il est à noter que l’Italie a connu une baisse de 83% des demandes d’asile de mineurs non accompagnés. La France compte 755 demandes de mineurs non accompagnés en 2019, un chiffre stable par rapport à 2018 (740).

68% de ces mineurs non accompagnés demandeurs d’asile en Europe ont entre 16 et 17 ans. De plus, sur les 17 110 mineurs non accompagnés demandeurs d’asile enregistrés en 2019, 14 750 sont des garçons. Les principaux pays d’origine sont l’Afghanistan (4 630 en 2019, soit une hausse de 45%), le Pakistan (1 380, stable par rapport à 2018), la Syrie (1 315, en baisse de 1%), la Somalie (730, en baisse de 25%), la Guinée (745, en baisse de 38%), l’Irak (1 075, en baisse de 6%) et l’Érythrée (985, en baisse de 51%).

Cependant, ces chiffres ne portent que sur les mineurs ayant enregistré une demande d’asile et ne représentent que partiellement les besoins de protection des mineurs non accompagnés en Europe dont l’évaluation est difficile. Selon l’Agence européenne pour les droits fondamentaux (FRA), sur les 140 000 migrants appréhendés aux frontières extérieures de l’UE, 33 000 ont indiqué être des mineurs, et plus de 5 000 d’entre eux étaient non accompagnés. Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), entre janvier et septembre 2019, 12 900 enfants sont arrivés en Grèce par voie maritime dont 2 100 mineurs non accompagnés, la majorité venant d’Afghanistan, de Syrie et d’Irak. Au 30 septembre 2019, 8 300 enfants dont 1 600 non accompagnés étaient hébergés dans des centres d’accueil surpeuplés dans les îles de la mer Egée (hotspot). Selon le HCR, sur la route de la Méditerranée, 1 000 enfants, en majorité soudanais, sont arrivés par la mer en Italie et à Malte, et 682 ont été débarqués et placés en détention en Libye après leur interception par les garde-côtes libyens. 1 600 enfants réfugiés et demandeurs d’asile, dont 93% non accompagnés, sont enregistrés dans les centres de détention en Libye. En Espagne, environ 2 500 enfants sont arrivés dont 68% étaient non accompagnés.

Avec 5 301 mineurs non accompagnés selon la FRA, la situation en Grèce a particulièrement mobilisé les organisations internationales et la société civile. Sur ces 5 301 mineurs, près de 20% vivaient dans des conditions d’accueil informelles et non sécurisées y compris dans la rue. La situation dans ce pays et notamment sur les îles dans les hotspots est particulièrement alarmante. En octobre 2019, le HCR a appellé à porter une attention particulière aux plus de 4 400 mineurs non accompagnés en situation particulièrement vulnérable et à mettre fin à cet accueil sur les îles où les conditions de vie sont inadéquates, dangereuses, et inhumaines. Cependant, la situation s’est détériorée à nouveau lorsque la Turquie a décidé fin février 2020 ne de ne plus contrôler le départ des réfugiés depuis son pays vers l’UE. Les organisations de la société civile à travers l’Europe (voir l’appel lancé par plusieurs ONG dont Forum réfugiés-Cosi), mais aussi des autorités locales et les organisations internationales ont appelé à relocaliser les demandeurs d’asile présents dans les hotspots dans d’autres États membres de l’UE, en particulier les mineurs non accompagnés. Après l’annonce d’un plan début mars par la Commission européenne, plusieurs États membres (Belgique, Bulgarie, Finlande, France, Allemagne, Irlande, Luxembourg, Portugal, Croatie, Lituanie) et la Suisse se sont engagés à accueillir au total 1 600 mineurs non accompagnés (dont 350 en France). La crise sanitaire du COVID-19 a retardé la mise en œuvre des procédures, mais les premières relocalisations ont eu lieu dès le 15 avril au Luxembourg et le jour suivant en Allemagne.

Dans un communiqué commun, l’Organisation internationale de la migration, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et le HCR ont souligné l’étroite collaboration entre leurs agences mais aussi avec les autorités nationales et européennes afin de mettre en œuvre cette relocalisation et d’encadrer les normes selon lesquelles les enfants sont identifiés et inscrits en priorité pour la relocalisation. En ce sens, l’Agence européenne pour les droits fondamentaux (FRA) a publié dès mars des orientations pratiques pour mettre en place le processus de relocalisation, et souligné dans un second rapport en mai les enjeux et les bonnes pratiques de relocalisation de mineurs non accompagnés. De son côté le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) a détaillé son rôle dans le processus opérationnel d’évaluation de l’intérêt supérieur de l’enfant et la mise en adéquation entre les profils des mineurs et les places proposées par les États.

Au niveau mondial, le HCR souligne qu’en 2018, 27 600 mineurs non accompagnés ou séparés ont demandé l’asile dans 60 pays et qu’environ 111 000 mineurs non accompagnés ou séparés réfugiés ont été recensés, même si ces données restent extrêmement limitées et beaucoup ne sont pas identifiés. Selon l’UNICEF, le nombre de mineurs en situation de déplacements forcés est en constante augmentation depuis 2005. Fin 2018, environ 31 millions d’enfants étaient en situation de déplacements forcés à cause des conflits et des violences dont 13 millions de réfugiés, 1 million de demandeurs d’asile et 17 millions en déplacement forcé à l’intérieur de leur pays. L’UNICEF a récemment indiqué que le nombre de déplacements forcés internes d’enfants a atteint le nouveau record de 19 millions d’enfants. Une augmentation similaire est à craindre pour les enfants réfugiés et demandeurs d’asile.

 

Photo d'illustration : © UNHCR/Gordon Welters