Le deuxième volet d’une étude, qui suit notamment l’intégration des réfugiés ayant obtenu un titre de séjour en 2018, a été publié en janvier 2024. Elle illustre les différents aspects de leur parcours tels que l’accès au logement, la maîtrise du français, l’insertion professionnelle et rend compte de leur état de santé.

La seconde édition de l’enquête longitudinale sur l’intégration des primo-arrivants (ELIPA 2) a été publiée par le service statistique du ministère de l’Intérieur le 16 janvier 2024. Elle suit la situation d’un panel de 6 500 étrangers auxquels a été délivré un premier titre de séjour d'au moins un an en 2018 et, à travers plusieurs indicateurs portant sur l’année 2022, permet de comparer leur situation avec les résultats de la première étude portant sur les années 2019 et 2020. Une partie est consacrée à la question spécifique de l’intégration des personnes bénéficiaires d’une protection internationale (BPI).

L’étude fait d’abord état des conditions de logements des BPI et des enjeux liés à celles-ci. Ainsi, dans leur pays d’origine environ 50 % des réfugiés disposaient d’un logement autonome (et non d’un simple hébergement temporaire), une situation comparable à celle des autres primo-arrivants. Mais arrivés en France, un quart des BPI disposaient d’un logement autonome, contre 40% pour les autres étrangers suivis dans l’étude.  La situation commence à s’améliorer pour les réfugiés dès 2019, soit un an après l’obtention de leur titre de séjour. 46% d’entre eux occupaient ainsi un logement autonome en 2019, contre 63 % pour les autres primo- arrivants. C’est surtout en 2022, qu’on relève une nette amélioration de la situation, avec 70 % des BPI qui disposaient ainsi d’un logement autonome, ratio qui se rapproche de celui des non-réfugiés (76%).

C’est surtout à travers les associations que les BPI parviennent à trouver un logement, les acteurs associatifs les ayant aidés dans 25% des cas, une part quatre fois plus importante que pour les autres primo-arrivants.

Outre l’accès à un logement, l’insertion professionnelle constitue une des composantes d’une intégration réussie. Si avant leur arrivée en France, 56% des réfugiés étaient actifs sur le marché du travail (contre 59% pour les non réfugiés) et 12% étaient inactifs ou au chômage, une fois en France la situation est toute autre. Ainsi, en 2019, 42% des réfugiés avaient un emploi et 30% étaient inactifs ou au chômage, soit une hausse de 28 points par rapport à la situation avant leur arrivée sur l’hexagone. Cependant, la situation s’améliore trois ans plus tard : 63% des personnes bénéficiant de la protection internationale occupaient ainsi un emploi en 2022. À leur arrivée en France, les BPI rencontrent donc certaines difficultés pour s’insérer sur le marché du travail et subissent un déclassement social, alors même qu’un quart d’entre eux est diplômé de l’enseignement supérieur et que 54% d’entre eux font une démarche de reconnaissance de diplôme, soit 15 points de plus que les non-BPI.

Si l’apprentissage du français constitue incontestablement un des leviers nécessaires d’intégration, une part importante des réfugiés, contrairement aux autres primo-arrivants, a encore du mal à maîtriser la langue. En effet, en 2019, 35% des bénéficiaires d’une protection internationale étaient dans l’incapacité de réaliser un test oral d’ELIPA 2 (contre 16% pour les autres primo-arrivants). À l’écrit, c’est 41% des réfugiés qui étaient confrontés à ces difficultés, un taux deux fois supérieur aux autres primo-arrivants. En 2022, on note une amélioration significative de la situation avec 17% des réfugiés exprimant des difficultés à l’oral et 20% à l’écrit, soit deux fois moins qu’en 2019. Cet écart notable entre les non-réfugiés et les réfugiés s’explique notamment par le fait que ces derniers viennent de pays non francophones et ne peuvent accéder à des cours, dans le cadre du Contrat d’intégration républicaine (CIR), qu’une fois leur titre de séjour obtenu.

Enfin, l’étude met en avant l’état de santé mentale des BPI et l’impact de celui-ci sur le processus d’intégration. En effet, un réfugié avec une santé mentale fragile aura davantage de difficultés pour trouver un logement ou encore s’insérer dans la vie active. Si la plupart des bénéficiaires de la protection internationale déclarent être en bonne santé, 8% d’entre eux se disent en mauvais état de santé, ce qui représente par ailleurs une part deux fois supérieure à celle des non-réfugiés.

Contraints de quitter, parfois, brutalement leur pays, les réfugiés sont donc davantage confrontés à des problèmes de santé mentale. Leur état de santé va cependant s’améliorer avec les années. Ainsi, si en 2019, 45% des bénéficiaires de la protection internationale déclaraient avoir des symptômes dépressifs (soit 14 points de plus que les non-BPI) en 2022, ils étaient 34% en 2020 et 27% en 2022 à faire état de tels symptômes.