En Inde, le mariage des enfants demeure préoccupant
Selon l’UNICEF, l'Asie du Sud compte le plus grand nombre d'enfants mariés (avant l’âge de 18 ans), représentant 45 % du total mondial, dont 34 % vivent en Inde. Le phénomène est cependant en diminution dans ce pays.
En Inde, la loi fixe l'âge légal du mariage pour les femmes à 18 ans et à 21 ans pour les hommes. Or, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) explique dans un rapport sur les mariages d’enfants en Inde, publié en mai 2023 et intitulé « Ending Child Marriage : A profile of progress in India », que près d'une jeune femme sur quatre (23 %) est mariée ou en union avant l’âge légal, contre 18 % pour les hommes et les garçons.
Selon l’Unicef, ces mariages précoces ont un impact sur les générations suivantes et sur les pratiques de la société. En effet, la majorité de ces jeunes filles mariées vivent leur premier accouchement avant la fin de l'adolescence (fixé entre 10 et 19 ans par l’UNICEF). Elles ont du mal à poursuivre leurs études : moins de 2 filles mariées sur 10 restent à l'école. Enfin, elles subissent plus de violences conjugales et sont plus susceptibles d’accepter cette violence.
Les facteurs de mariages précoces sont divers, mais il ressort de l’étude de l’UNICEF, que l’éducation, la pauvreté et le fait de vivre en zones rurales ont un impact sur la prévalence des mariages d’enfants. En effet, les enfants mariés jeunes ont globalement un niveau scolaire bas et des parents avec peu de moyens financiers. Le département d’Etat américain note dans son rapport annuel sur les droits de l'homme en 2022 en Inde, que les décès de parents, les fermetures d'écoles et la détresse financière de leur famille exposent aussi les filles au risque de mariage précoce. Ces facteurs ont été exacerbés par les confinements liés à la pandémie de COVID-19 en 2021.
La prévalence de mariages d’enfants est la plus haute dans l’état indien de l’Uttar Pradesh, et reste important dans l’état de Bihar, Bengale occidental, Maharashtra et Madhya Pradesh.
En Inde, la loi habilite les tribunaux à annuler les mariages précoces et forcés. Elle prévoit également des sanctions pour les personnes qui célèbrent, organisent ou participent à des mariages d'enfants. D’ailleurs, dans chaque état, un « agent d'interdiction du mariage des enfants » permet de lutter contre ces pratiques. Ces agents ont le pouvoir d'intervenir pendant le mariage d'enfants, de documenter les violations de la loi, de porter plainte contre les parents, de retirer les enfants de situations dangereuses et de les remettre aux autorités locales de protection de l'enfance.
Cependant, Amnesty International rapporte le 17 mars 2023, dans une lettre ouverte adressée au ministre en chef de l'État d'Assamau, que l'arrestation de membres de la famille de filles mariées à des enfants peut entraîner une privation supplémentaire d'éducation, de compétences de vie et d'opportunités de subsistance non seulement pour eux mais aussi pour leurs frères et sœurs lorsque les parents sont arrêtés. Le mariage est souvent perçu comme un moyen d'assurer la subsistance économique des filles et des femmes qui n'ont pas d'accès autonome aux ressources productives et de celles qui vivent dans des situations d'extrême pauvreté.
L’Unicef conclut dans son rapport que la pratique du mariage des enfants en Inde a diminué. Le pays a nettement progressé sur le traitement de cette question par rapport aux autres pays d'Asie du Sud durant ces 15 dernières années. En effet, la prévalence de la pratique est passée de 49% en 2001 à 23% en 2021 en Inde.
En France, l’Inde figure toujours sur la liste des « pays d’origine sûr » établie par le conseil d’administration de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ce qui entraîne une limitation du droit au séjour et une baisse des garanties procédurales pour les Indiens qui sollicitent une protection au titre de l’asile.