L’adoption le 28 février 2024, au Ghana, d’une nouvelle loi contre les personnes LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et autres) confirme une tendance inquiétante au durcissement des discours et législations dans ce domaine constatée par ailleurs dans plusieurs pays du continent africain ces dernières années.

Dans un rapport publié en janvier 2024 Amnesty International explique comment 12 pays africains adoptent de nouvelles lois pour cibler et discriminer de manière systématique les personnes LGBT+ : Botswana, Burundi, Eswatini, Ghana, Kenya, Malawi, Mozambique, Namibie, Ouganda Tanzanie, Zambie, Zimbabwe. Selon Amnesty, ces lois ont pour objectif affiché de persécuter et marginaliser les minorités sexuelles ou de genre, « ce qui met en évidence une tendance à utiliser des mécanismes juridiques comme instruments de répression »

En Ouganda, les relations homosexuelles étaient déjà illégales, quand, en mai 2023, le président a adopté un durcissement de la loi anti-homosexualité incluant désormais la peine de mort, rejoignant ainsi la Mauritanie, la Nigéria et la Somalie dans la liste des pays africains appliquant la peine capitale pour les homosexuels.

Au Ghana, une loi adoptée en février 2024 vise à imposer des restrictions et des sanctions pénales à l'encontre des personnes LGBT+ et toute personne exprimant son soutien à l'égard des personnes LGBT+. Chaque citoyen du Ghana a l'obligation de signaler à la police tout comportement perçu comme étant de « nature LGBT ». Elle prévoit trois ans de prison pour les personnes reconnues comme appartenant à cette communauté et jusqu’à cinq ans pour toute personne qui soutiendrait ces communautés.

Au Burundi, le président tient régulièrement et publiquement des propos homophobes :  dans une déclaration de mars 2023, Evariste Ndayishimiye a notamment appelé les Burundais à « maudire ceux qui s'adonnent à l'homosexualité parce que Dieu ne peut pas le supporter », et a ajouté que « Dieu n'a jamais voulu les mariages homosexuels ». Lors de son investiture en juin 2020, il a qualifié le mariage homosexuel de « déviation sociale ». Le code pénal burundais punit l’homosexualité et les homosexuels subissent discriminations et persécutions dans ce pays.

Au Malawi, les personnes LGBT+ évoluent dans un environnement hostile, la législation discriminatoire et les violations des droits humains engendrent un climat de peur et de répression. Idem en Zambie, où le sentiment homophobe est en hausse dans la société.

Le Kenya est le seul pays de la Corne de l'Afrique à offrir l'asile aux personnes qui recherchent une protection en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité et/ou expression de genre. Malgré cela, les réfugiés LGBT+ du camp de Kakuma subissent des attaques violentes. À Nairobi, les arrestations arbitraires et le harcèlement des réfugiés LGBT+ sont devenus un phénomène courant. En avril 2023, un membre du Parlement a soumis le projet de loi sur la Protection de la famille, qui vise notamment à interdire les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe et le mariage homosexuel.

Sur le continent africain, 31 pays continuent, de criminaliser les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe. À ce jour, quatre pays d’Afrique prévoient la peine de mort pour les homosexuels.

Certains Africains LGBT+ exilés demandent l’asile en France pour fuir les persécutions. Souvent traumatisés par de terribles violences, ils doivent cependant exposer leur orientation sexuelle devant l’administration française, ce qui reste une démarche complexe et une épreuve douloureuse. Le dernier rapport de l’Ofpra indique qu’en 2022, comme les années précédentes, les ressortissants africains sollicitant l’asile en raison de leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre proviennent pour une large part du Mali, de la Guinée, de la Sierra Leone, de la Gambie, et du Cameroun. L’homosexualité masculine domine très largement dans ces demandes d’asile. La bisexualité est également présente, en particulier dans les demandes d’asile du Nigéria et des Comores.