Les autorités russes ont renforcé le cadre législatif visant à réprimer les opposants à la guerre menée depuis 2022 contre l’Ukraine. Un rapport publié par Amnesty international en juin 2024 documente les méthodes employées et souligne qu’elles visent également les enfants et leurs familles.

Les droits des enfants et des parents sont relativement bien protégés dans les textes en Russie. La Constitution russe garantit les droits à la liberté de pensée, de parole et d’information. Elle impose à l’État de protéger la famille et les enfants et confirme que l’éducation des enfants est à la fois un droit et une obligation des parents. Le pays a signé de nombreux accords internationaux, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention internationale relative aux droits de l’enfant.  

Depuis le début de la guerre en 2022, la réponse apportée à certains Russes qui s’indignent contre cette invasion sur le territoire ukrainien est en contradiction avec ce cadre protecteur. Les autorités ont eu recours à plusieurs dispositions législatives de « lutte contre le terrorisme ou l’extrémisme » pour sanctionner les dissidents, les opposants, notamment à la guerre. Depuis, toute forme de critique des pouvoirs publics est sévèrement réprimée, et la répression des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association s’est intensifiée. Les personnes exprimant leur opposition à l’invasion de l’Ukraine, aux violations commises dans ce pays par la Russie ou à la guerre en général s’exposent à des persécutions particulièrement sévères : poursuites judiciaires arbitraires, lourdes peines d’emprisonnement, violentes agressions perpétrées en toute impunité, licenciements, etc. Un rapport sur la persécution du mouvement anti-guerre publié en mai 2024 par l’organisation OVD Info documente tous les instruments juridiques utilisés, les menaces, la répression que subissent les opposants à la guerre.

Les méthodes de représailles des autorités russes pour écraser la dissidence étaient déjà pratiquées avant février 2022, mais elles sont devenues plus sévères, avec des cibles élargies depuis, comme le documente un rapport d’Amnesty International publié en juin 2024 : “Your children will go to an orphanage” (Vos enfants iront à l’orphelinat).

Selon l’ONG, les autorités russes instrumentalisent les enfants et leurs familles pour les dissuader de s’opposer à la guerre en Ukraine : endoctrinement via la propagande de guerre, séparation des familles, menaces de retraits des droits parentaux… Les autorités n’hésitent pas à poursuivre les enfants, notamment en utilisant des accusations de terrorisme à motivation politique contre ceux qui participent à des manifestations violentes, dans le cadre de procédures qui violent le droit à un procès équitable. Après cette invasion, les représailles contre les enfants eux-mêmes ainsi que contre leurs parents/tuteurs qui s’opposent à la guerre d’agression russe, notamment par le biais de harcèlement par le personnel scolaire, d’arrestations arbitraires, de perquisitions et de poursuites pénales, sont devenues plus courantes et considérablement plus dures. Les autorités retirent les enfants, ou menacent de le faire, aux parents qui critiquent les autorités. Dans le même temps, les écoles promeuvent la propagande pro-guerre pour endoctriner les enfants et cibler les élèves qui ne partagent pas le point de vue officiel.

Certaines familles russes n’ont d’autre choix que de quitter leur pays pour éviter des poursuites pénales ou une séparation forcée. En France, selon le rapport de l’OFPRA, de nombreux demandeurs d’asile invoquaient en 2023 leur crainte d’être visés dans une affaire judiciaire du fait de leur opposition au conflit en raison de leur activité professionnelle (journaliste), de leurs activités militantes (associatives ou politiques) ou plus simplement de leur présence sur les réseaux sociaux, allant de la publication au simple « j’aime » adossé en réaction à une publication.