Le risque de traite des êtres humains dans la crise ukrainienne
Selon le HCR, 90% des déplacés d’Ukraine sont des femmes et des enfants. Ces populations se trouvent particulièrement exposées au risque de traite des êtres humains, notamment par l’exploitation sexuelle et par le travail. Dans ce contexte, les Nations unies, l’Union européenne, les autorités nationales et la société civile ont conçu et mis en œuvre différents dispositifs afin de prévenir ce risque et faciliter l’identification des victimes.
Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estimait mi-avril que 90% des déplacés d’Ukraine d’entre étaient des femmes et des enfants. Le profil des personnes déplacées a alerté les autorités et la société civile sur leur situation de vulnérabilité du fait de leur sexe, leur genre ou leur âge, dans un contexte de conflit et de déplacement qui exacerbe leur isolement et leur précarité. Les manifestations de soutien et les propositions d’aide se sont rapidement multipliées aux frontières ukrainiennes de façon désorganisée. Dans ces circonstances, les populations déplacées d’Ukraine se trouvent particulièrement exposées au risque de traite des êtres humains, notamment par l’exploitation sexuelle ou par le travail.
L’article 2 de la directive du 5 avril 2011 relative à prévention de la traite des êtres humains définie la traite comme le fait de recruter, transporter, transférer, héberger ou accueillir des personnes à des fins d’exploitation, en faisant usage de menace, de violence ou d’autres formes de contrainte. Le Code pénal précise que l’exploitation peut prendre plusieurs formes dont la prostitution, le travail forcé ou la mendicité, l’esclavage ou la servitude, l’exploitation d’activités criminelles ou le prélèvement d’organes.
Les Nations unies, l’Union européenne, les autorités nationales et la société civile ont conçu et mis en œuvre différents dispositifs afin de prévenir le risque de traite des êtres humains et faciliter l’identification des victimes dans le cadre de leur réponse à la crise ukrainienne.
Le HCR a lancé la campagne « StaySafe » visant à sensibiliser les personnes déplacées sur les risques liés à la violence sexiste et à la traite au moyen d’affiches et de messages diffusés dans les pays d’Europe de l’Est et sur les réseaux sociaux. Des plateformes d’accueil et de soutien appelées « Blue Dots », gérées conjointement par le HCR et l’UNICEF, ont été installées sur des points stratégiques des itinéraires empruntés par les déplacés d’Ukraine. Ces centres offrent un soutien psychologique et social aux personnes présentant des besoins particuliers de protection, permettent de repérer les personnes à risque d’exploitation et facilitent la réunification des familles.
La Commission européenne a communiqué des orientations aux États membres s’agissant des mesures de prévention du risque de traite dans le contexte de la crise ukrainienne. Les mesures proposées comprennent la mise à disposition d’informations sur le risque de traite, la sensibilisation des professionnels intervenant dans l’accueil des réfugiés, le renforcement des mécanismes d’identification et d’orientation des victimes et la mise en œuvre de mesures d’assistance, d’aide et de protection à destination des victimes. Une attention particulière est portée sur les cas d’enfants victimes de traite. En parallèle, l’Union européenne a adopté un plan en dix points pour une meilleure coordination de l’accueil des personnes déplacées d’Ukraine. Ce programme prévoit notamment l’adoption d’un plan commun de lutte contre la traite visant à prévenir le risque de traite et à soutenir et protéger les potentielles victimes. Ce plan devrait s’inscrire de façon plus globale dans la Stratégie européenne de lutte contre la traite des êtres humains (2021-2025).
En France, le groupe de coordination sur le risque de traite des êtres humains dans la crise ukrainienne, piloté par le HCR et auquel participent l’ensemble des acteurs étatiques et associatifs intervenant dans l’accueil des personnes réfugiées ou dans la lutte contre la traite, a permis la conception de plusieurs outils à destination des professionnels comme des bénéficiaires. Des affiches et des dépliants communiquant des informations sur le risque de traite, formulant des recommandations afin de mieux s’en protéger et partageant des contacts d’institutions ou associations spécialisées à solliciter en cas de difficulté, ont été conçus et diffusés dans les préfectures, les gares et les structures d’hébergement. Des documents ciblant spécifiquement les mineurs non accompagnés ont aussi été conçus et diffusés. Des dépliants à destination des professionnels apportent des éléments d’information afin de faciliter le repérage des potentielles victimes et d’assurer leur orientation vers les services compétents.
Article extrait de l’ouvrage État des lieux de l’asile en France et en Europe¸ publié le 20 juin 2022.
Photo d'illustration : ©European Union_Wojtek Radwanski