Le nombre de mineurs non accompagnés dans l’Union européenne demandant l’asile est au plus haut depuis 2016. Cependant, le nombre total de mineurs non accompagnés est inconnu en raison de systèmes de protection et de collecte de données disparates dans les États membres.  

Un mineur non accompagné (MNA) est un enfant étranger présent sur le territoire sans être accompagné d’un parent titulaire de l’autorité parentale ou d’un autre représentant légal.

D’après les données de la base Eurostat (qui sont périodiquement actualisées), en 2023, 254 900 primo-demandeurs d’asile dans l’Union européenne (UE) étaient mineurs, dont 41 155 étaient des MNA. Ces derniers représentaient 17% des enfants demandeurs d’asile et 4% du nombre total de primo-demandeurs. On constate une augmentation d’environ 3% par rapport à 2022 (39 915 primo-demandeurs MNA) et il s’agit des chiffres les plus élevés depuis 2016. Le nombre de MNA primo-demandeurs a cependant moins augmenté entre 2022 et 2023 que le nombre total de primo-demandeurs. 

Ces derniers mois, d’après les dernières données disponibles, le nombre de MNA primo-demandeurs en France augmente : 120 en mai, 135 en juin et 140 en juillet 2024. Les chiffres pour tous les mois ne sont cependant pas communiqués sur Eurostat.

Il est à noter qu’un certain nombre de pays ne renseignent pas de données ou indiquent 0. Ceci est dû aux différences de prise en charge des MNA dans les États. En effet, certains vont les placer dans le système de l’asile, tandis que d’autres vont les orienter dans le système de droit commun de protection de l’enfance (avec des nationaux). En France, par exemple, les MNA sont confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) et beaucoup d’entre eux ne sollicitent pas l’asile pour de nombreuses raisons (voir l’article de mars 2019 à ce sujet). En 2023, 1 350 premières demandes d’asile de MNA ont été enregistrées en France, un nombre record mais qui demeure très inférieur au nombre de MNA placés à l’ASE cette année-là (19 370 d’après les données fournies par le ministère de la Justice).

En Italie, tous les 15 jours, le nombre de MNA débarqués est publié par le ministère de l’Intérieur. Au 9 septembre 2024, 5 288 MNA avaient été débarqués dans le pays depuis le début de l’année. De plus, des données mensuelles détaillées (chiffres, âges, origines, sexes, et répartition en Italie et modalités), ainsi que des rapports trimestriels du ministère du travail et de la politique sociale sont publiés concernant les MNA pris en charge.

En Espagne, qui est aussi un pays de premières arrivées, en revanche, les MNA sont confiés aux services ordinaires de protection des mineurs, comme en France. Seules quelques données mensuelles (et les dernières étant de 2023) sont publiées sur les titres de séjour accordés (aux MNA et jeunes majeurs anciennement MNA).

Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) publient également quelques données sur les entrées en Europe dans le cadre de leurs dispositifs statistiques (OIM et HCR).

Ni Eurostat, ni les données publiées au niveau national, ni celles d’organisations internationales ne permettent d’avoir une photographie claire des MNA nécessitant une protection internationale présents sur le territoire européen.

Les MNA étant un public particulièrement vulnérable, et ces derniers réalisant souvent des mouvements secondaires (c’est-à-dire des passages du pays d’arrivée à un ou d’autres pays de l’UE), davantage de données devraient être publiées afin d’élaborer des politiques publiques européennes éclairées et appropriées. Bien que les systèmes soient distincts, une harmonisation dans la collecte et divulgation desdites données pourraient être envisagées. L’Italie, qui publie des données approfondies, pourrait en ce sens servir de modèle.

 

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