En 2020, la demande d’asile a diminué d’un tiers dans l’Union européenne
L’agence européenne Eurostat a publié ses données relatives aux demandes d’asile au sein de l’Union européenne pour l’année 2020. Elles font apparaître une baisse de 34% par rapport à 2019 et de 21% par rapport à 2014, avant les pics enregistrés en 2015 et 2016.
Eurostat entend par «primo-demandeur d’asile» toute personne qui, pour la première fois, a introduit une demande de protection internationale ou a été incluse dans une telle demande comme membre de la famille. Il est à noter qu’Eurostat prend en compte le retrait du Royaume-Uni dans ces données et fournit des données pour une Union européenne à 27 États membres.
D’après les données Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne (UE), 416 950 primo-demandeurs d’asile ont été enregistrés dans les 27 États membres de l’Union européenne. Alors que l’année 2019 une hausse inédite depuis 2016 avait été enregistrée, l’année 2020 est marquée par une baisse de 34% due à la crise sanitaire et aux mesures de restrictions mises en place pour lutter contre la pandémie de COVID-19 qui ont restreint l’accès au territoire européen et à la procédure d’asile dans les États membres.
Avec 102 525 primo-demandeurs d’asile, l’Allemagne continue d’enregistrer près d’un primo-demandeur sur quatre dans l’UE malgré une baisse de 28%. La France cède sa seconde place à l’Espagne avec 86 380 primo-demandeurs (soit 21% du total) qui a également enregistré une baisse de 25%, et se place en troisième position avec 81 790 primo-demandeurs (soit 20%) et une baisse de 41% (pour les données provisoires détaillées sur la France, voir notre article de janvier 2021). La Grèce (37 860, 9%) et l’Italie (21 200, 5%), malgré une baisse respective de 49% et de 41%, complètent le top 5 des premiers pays d’accueil qui regroupent à eux seuls 80% des primo-demandeurs dans l’UE. D’autres États membres ont également observé une baisse du nombre des primo-demandeurs d’asile tels que les Pays-Bas (-39%, 13 660), la Suède (-43%, 13 595), la Belgique (-44%, 12 905), Chypre (-41%, 7 500), Malte (-40%, 2 410), ou encore l’Irlande (-68%, 1 535). Cependant, cinq États membres ont enregistré des hausses du nombre de primo-demandeurs d’asile : l’Autriche (+18%, 12 915), la Roumanie (+145%, 6 025), la Bulgarie (+67%, 3 460), la Croatie (+22%, 1 540), et la Slovaquie (+23%, 265).
Le classement diffère lorsque les chiffres sont rapportés à la population nationale des États membres. La moyenne européenne a chuté de 1 414 primo-demandeur par million d’habitant en 2019 à 931 en 2020. Chypre se maintient en tête avec 8 446 primo-demandeurs par million d’habitant, suivi de Malte (4 684), la Grèce (3 532), du Luxembourg (2 068), et de l’Espagne (1825). La France est en dixième position avec 1 215 primo-demandeurs par million d’habitant, alors qu’elle était huitième en 2019 (1 789). En bas du classement, la Hongrie compte 9 primo-demandeur par million d’habitant, suivie par l’Estonie (35), la Pologne (40), et la Slovaquie (49).
Les principales nationalités des primo-demandeurs d’asile sont globalement similaires à 2019. Les Syriens, les Afghans, les Vénézuéliens, et les Colombiens ont déposé le plus grand nombre de demandes d’asile, représentant 40% des premières demandes dans l’UE. La Syrie reste le premier pays d’origine des primo-demandeurs d’asile depuis 2013, malgré une baisse de 15% pour la deuxième année consécutive, avec 63 505 premières demandes enregistrées (15% du total) dont la moitié en Allemagne. Elle est suivie, pour la deuxième année consécutive de l’Afghanistan avec 44 220 primo-demandeurs (-19%) soit 11% du total. Un quart de ces demandes ont été enregistrées en Grèce et en France. Avec une baisse de 32%, le Venezuela se maintient à la troisième position avec 30 325 primo-demandeurs (7% du total), dont 90% sont enregistrées en Espagne. La Colombie reste également le quatrième pays d’origine avec 29 055 primo-demandeurs (7%) avec une baisse de 9%, toujours suivie de l’Irak avec 16 240 premières demandes (4%) en baisse de 40%. Parmi les autres nationalités dans le top 15 figurent le Pakistan (15 955, -34%), la Turquie (13 905, -41%), le Bangladesh (10 485, -21%), la Somalie (10 095, -22%), le Nigéria (9 570, -53%), la Guinée (7 430, -39%), et l’Érythrée (7 095, -29%). Si la grande majorité des nationalités sont en baisse, quelques-unes ont fait l’objet d’augmentation telles que la Biélorussie (+24%, 1 165 primo-demandeurs), les Comores (+15%, 1 870 primo-demandeurs dont la quasi-totalité en France), le Chili (+33%, 300), Cuba (+9%, 2 045), et le Brésil (+3%, 1 650).
Si l’on observe les situations nationales, l’Allemagne continue sa baisse engagée depuis 2017, conséquence de la diminution des primo-demandeurs syriens (-7%) et iraquiens (-28%). La demande turque a également chuté de 46% en 2020, ainsi que le Nigéria (-64%) et l’Iran (-63%). Il faut noter cependant que les premières demandes d’Afghans ont augmenté de 4%, constituant désormais la deuxième nationalité représentée dans le pays. En Espagne, 32% et 31% des premières demandes sont formulées respectivement par des Vénézuéliens et des Colombiens, pourtant tous les deux en baisse de 30 et 6%. Le top 10 est complété par d’autres pays d’Amérique latine et centrale tels que le Honduras (-19%), le Pérou (+30%), le Nicaragua (-37%), le Salvador (-48%) et Cuba (+15%). L’Espagne enregistre également une hausse de la demande malienne de 21%, sans doute due à l’augmentation des arrivées sur les îles Canaries depuis l’Afrique de l’Ouest. Enfin, en France, selon les données Eurostat, la première nationalité des primo-demandeurs est l’Afghanistan avec 10 005 demandes, pourtant en baisse de 14%. Suivent la Guinée (-34%, 4 655), la Côte d’Ivoire (-31%, 4 645), le Bangladesh (-31%, 4 610), le Pakistan (-23%, 3 555), la République démocratique du Congo (-32%, 3 110) et la Turquie (-25%, 3 090). Des hausses notables en 2020 sont constatées pour l’Ukraine (+79%, 2 105), la Moldavie (3%, 2 110, après une hausse de 292% en 2019), et les Comores (+16%, 1 835).
Enfin, Eurostat communique également des données sur les demandes d’asile en attente de décision à la fin de l’année 2020. Cette donnée permet d’évaluer comment les autorités nationales font face à la charge de travail suite aux arrivées de demandeurs d’asile dans l’UE. A la fin de 2020, 765 655 demandes d’asile sont en cours d’étude par les autorités nationales, contre 929 890 à la fin 2019 soit une baisse de 17,6%. L’Allemagne reste en tête avec 257 210 demandes en cours malgré une baise 21,3%, suivi de la France avec 151 200 demandes (-6%), de l’Espagne avec 103 410 (-22,3%), de la Grèce (62 270, -40,9%). L’Italie a par contre connu une hausse de 14,6% des demandes en attente avec 29 240 dossiers.
Les données indiquées dans cet article sont celles publiées et consultées sur le site d’Eurostat le 4 mai. Il est possible que les données varient suite à la publication de la mise à jour par Eurostat. Elles sont consultables en ligne sur le lien suivant : https://ec.europa.eu/eurostat/web/asylum-and-managed-migration/data/database