Le 19 novembre 2024, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a présenté son premier rapport sur le lien entre les chocs climatiques, les conflits et les déplacements de population. Il propose des pistes de réflexion pour prendre en compte ce contexte afin de renforcer la protection des populations. 

À l’occasion de la 29ème Conférence des Parties (COP) organisée en novembre à Bakou, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a présenté un rapport intitulé No escape. On the frontlines of Climate Change, Conflict and Forced Displacement élaboré grâce à une collaboration avec avec treize organisations, instituts de recherche et associations de Réfugiés.

Si les conflits armés restent la première cause des déplacements forcés, les effets du changement climatique impactent les populations déplacées d’une manière complexe, multifactorielle et disproportionnée. Le HCR estime ainsi qu’environ 90 millions de personnes déplacées dans le monde « vivent dans des pays qui connaissent une exposition élevée voire extrême aux risques climatiques ». Dans ce contexte, les déplacés internes et les réfugiés subissent de plein fouet le manque d’accès aux ressources et la précarité des infrastructures. Les camps de réfugiés, situés dans des régions à hauts risques de sécheresses, d’inondations ou d’incendies, n’offrent aucune protection contre ces événements extrêmes.

Le HCR relaie des témoignages recueillis en Afghanistan, au Tchad ou au Bangladesh qui soulignent l’effet de « cercle vicieux » dans lequel les déplacements de populations déjà vulnérables s’enchaînent et se renforcent. Les femmes et les filles, généralement plus dépendantes des ressources naturelles et des produits agricoles pour survivre, sont d’autant plus touchées par ces phénomènes. Les conflits et événements climatiques les amènent à parcourir des distances de plus en plus longues pour trouver de l’eau, ce qui les expose à des risques élevés de violences basées sur le genre.

Le rapport souligne par ailleurs que la population soudanaise, qui subit des déplacements forcés dus au conflit armé touchant le Soudan depuis plus d’un an, est particulièrement touchée par ces phénomènes avec notamment des camps établis à proximité de zones fluviales à haut risque d’inondation.

Plus généralement, le HCR rappelle l’importance de la prise en compte des effets du changement climatique dans l’évaluation des craintes de persécution des demandeurs d’asile. Il insiste aussi sur une meilleure répartition des aides financières pour faire face au changement climatique, en augmentant la part allouée aux communautés et régions les plus vulnérables.

En conclusion, le HCR émet quatre recommandations à destination des Etats :

  • Protéger des personnes déplacées en mobilisant tous les cadres juridiques idoines, et notamment les mécanismes régionaux.
  • Inclure les personnes déplacées et les communautés d’accueil dans les négociations internationales telles que la COP, dans l’élaboration des stratégies nationales et locales de réduction des risques et dans le déploiement de systèmes d’alerte précoce.
  • Investir dans la construction d’un climat de résilience en prévoyant des mécanismes de financement pour répondre dans l’urgence aux impacts climatiques et aux besoins des communautés touchées.
  • Accélérer la réduction des émissions de carbone en s’affranchissant des énergies fossiles et en soutenant une transition juste, permettant aux communautés les plus vulnérables de développer des alternatives économiques durables et des outils pour s’adapter au changement climatique.